- la marque légendaire Lip crée un musée pédagogique du Temps et de la Montre.

23 novembre 2010 | Par GAËLLE RICHARD
Voyage au mileu des montres et des horloges
Après vingt ans dans le Gers, la marque légendaire Lip crée un musée pédagogique du Temps et de la Montre.

Jean-Luc Bernerd, président de MGH, poursuit dans le Gers l'aventure de la marque séculaire.
PHOTO PHILIPPE BATAILLE

On pénétrera dans le musée de la Montre par le couloir du Temps. À l'extrémité du corridor, une horloge à vous prendre pour Alice au pays des Merveilles. À la nuance près qu'au siège lectourois de Lip le temps est réglé comme du papier à musique.

La célèbre marque de montres, installée depuis vingt ans dans le Gers, vient d'entreprendre la construction de son musée du Temps et des Montres Lip. Pédagogique, il sera ouvert aux scolaires.

À travers les siècles

La cellule culture du Conseil régional de Midi-Pyrénées en a conçu la scénographie. Le couloir du Temps retracera l'histoire du temps à travers les siècles et les civilisations.

Le visiteur découvrira les origines du temps, les différentes mesures et la raison pour laquelle le temps passe plus ou moins vite « selon que l'on est heureux, amoureux ou triste », d'après les mots de Jean-Luc Bernerd, président de la Manufacture générale horlogère (MGH), qui commercialise les montres Lip depuis le siège de Lectoure. On apprendra notamment pourquoi la semaine de dix jours a été amputée de trois jours pour devenir la semaine de sept jours que nous connaissons.

Le long de ce couloir de 30 mètres, deux fenêtres donnent sur la salle de crash-test et sur les ateliers, où l'on verra, en direct, les horlogers à l'œuvre dans l'assemblage, la restauration et la réparation des chronographes.

Eclairage historique

La seconde partie du musée sera consacrée à l'histoire de la marque Lip. Créée en 1867 par Emmanuel Lipmann, elle est née dans l'atelier que ce fils d'horlogers alsaciens avait installé à Besançon. Elle y restera jusqu'en 1990, lorsque Jean-Claude Sensemat, un homme d'affaires gersois, rachètera l'enseigne et l'installera à Lectoure.

D'aucuns connaissent l'impact économique et social de la lutte, en 1973, de ceux que l'on appela « les Lip ». Cette année-là, en avril, l'entreprise déposait le bilan, et les salariés décidaient de s'emparer du stock pour tenter de faire vivre leur entreprise et de se rémunérer.

Signe de soutien

L'histoire sociale retiendra particulièrement leur slogan : « On produit, on vend, on se paie. » Les femmes salariées de l'entreprise ont joué un rôle primordial dans ce pan de l'histoire économique. En septembre 1973, une grande marche nationale sur Besançon est organisée. Près de 100 000 personnes manifestent. En France, à cette époque, arborer une montre Lip au poignet est un signe de soutien aux ouvriers qui se battent pour leur outil de travail et leur savoir-faire.Rachetée par un investisseur, la marque est mise en liquidation en 1990. Jean-Claude Sensemat la rachète et base la société à Lectoure. Il offre à Bill Clinton le modèle réédité de la montre portée par le général de Gaulle. En 2002, Jean-Luc Bernerd crée MGH afin de continuer de commercialiser la montre de bord qui équipait « La Croix du Sud », l'avion de Jean Mermoz, ou la montre qui ornait le poignet de Winston Churchill et du président Eisenhower. Vendues sur les cinq continents, les montres Lip font vivre 45 personnes sur le site gersois. « À l'export, nous avons un peu souffert en 2010, explique Jean-Luc Bernerd, mais nous conservons nos positions sur le marché français. »

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