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La Galerie de Pierre Lachkar, peintre toulousain :

une magnifique collection de tableaux d'un peintre contemporain, qui vous promènera de Jérusalem à Toulouse, en passant par Collioure... Cliquez sur ce Lien pour pouvoir regarder en ligne les tableaux de l'artiste.

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Des formes humaines qui se déploient dans des jets de couleurs

Réflexion sur la circoncision et la peinture

 

L'humanité est-elle créée ou émanée ? La peinture de Pierre Lachkar laisse apparaître cette question. Les formes humaines semblent émaner de raies de couleurs vives, comme si la couleur précédait l'humanité elle-même. Les couleurs sont souvent très vives ; elle convergent en jets vers un centre d'où émerge l'humain. Ce centre, s'il n'est pas le centre géométrique du tableau, appelle cependant irrésistiblement notre vision. Il n'y a pas là de mystère ou de symbolisme artificiel, mais l'indication précise d'un lieu de commencement ou d'une naissance.

Les textes anciens de la cabale nous enseignent l'existence de quatre mondes : émanation, création, formation et action. L'émanation précède la création, c'est-à-dire la coupure entre l'essence divine et le monde. L'émanation est encore du divin. L'humanité elle, est créée ainsi que le dit le texte biblique : "Dieu créa l'homme à son image..." (Genèse 1, 27) ; et si le peintre est un créateur à son tour, il se situe comme tel dans ce monde de l'action où nos mains ont pris en charge avec science et patience la relève de l'oeuvre du commencement, le "maasse berechit" dont parlent les textes anciens.

La Bible nous enseigne deux approches de l'humain : Adam est créé (Genèse 1, 27) et il est formé : "L'Eternel Dieu forma l'homme, - poussière détachée du sol, - insuffla dans ses narines un souffle de vie et l'homme devint une âme vivante" (Genèse 2, 7). L'humanité créée et formée, ainsi que nous l'enseigne le texte biblique, est coupée de l'essence divine. Le mot hébraïque "baro" que l'on traduit par créer, signifie "couper", comme l'on coupe la branche d'un arbre. Ainsi l'humanité accède à elle-même lorsqu'elle est créée. La formation postérieure à la création désigne, comme l'enseignait mon maître M. Léon Bentata (z'l), la formation sexuée, celle qui permet la transmission humaine de la vie et donc de la forme humaine.

Les peinture de Pierre Lachkar sont très étranges à cet égard. L'humain semble émerger de la couleur. Les couleurs précèdent-elles l'humain ou bien l'humain est-il la destination des couleurs ? Il semble à première vue que les couleurs sont très précises alors que l'humanité s'élève dans une sorte d'indistinction, de pâleur ou de brume. Sur d'autres tableaux par contre, les personnages sont les couleurs elles-mêmes. Il n'y a pas alors convergence des couleurs vers l'élaboration d'une forme humaine, mais identification de la couleur et de la forme humaine. La distinction classique et métaphysique de la forme et de la matière (ici la couleur) est abolie. Comme si la couleur se matérialisait immédiatement en l'humain. Sans attendre.Parfois les couleurs environnent des formes humaines blanches (souvent des juifs en prière enveloppés dans leurs châles de prière). L'opposition du blanc (humain) et du monde coloré indique les voies d'une double attente et d'un double questionnement. On aurait l'impression que ces formes blanches sont en attente d'une coloration. Ceci est une illusion ; et notre esprit s'éveille à cette connaissance que le blanc est l'ajointement de toutes les couleurs. Alors les formes blanches en attente d'une coloration fictive, laissent apparaître doublement la vérité de la couleur comme l'oeil dont le cristallin (blanc) laisse surgir en son centre la pupille, la fille. Celle que les textes hébraïques nomment : vallée de la vision.

Les peintures de Pierre Lachkar révèlent ainsi ces trois états de la couleur et de l'humain : l'humain émané de la couleur, l'humain comme inscription de la couleur et l'humain dans la blancheur qui révèle les couleurs.Ces trois approches qui peuvent paraître dissemblables, viennent nous enseigner que la forme humaine est la vérité de la couleur, que la couleur est la vérité de l'oeil, que l'oeil est la source de l'incandescence, que l'incandescence est rendue possible par une lumière blanche et que le blanc est le mystère de la couleur.

La peinture a lieu dans cet espacement - entre la chair (l'humain) et la peau (la couleur) - que l'on nomme "circoncision", séparation de la peau et de la chair. Mais c'est alors que la chair se dévoile comme voyante. Ainsi que le dit Job : "Et ma peau se séparera de ma chair, et je verrai Dieu".La circoncision comme vision de Dieu serait-elle l'expérience propre de la peinture ? La peinture serait-elle la circoncision de l'oeil ? S'il en est ainsi, alors la circoncision comme vision, vient parachever l'oeuvre de la création et de la formation. Laissant dans l'évocation de l'émanation encore divine, le souvenir de la lumière du regard divin à transcrire - en vis-vis - dans l'élaboration de la forme humaine.

Alors le peintre n'aura fait que peindre le geste même de la peinture par où l'humain advient comme circoncision de l'oeil.

 

Monique Lise Cohen (Toulouse, septembre 2000)

monique-lise.cohen@wanadoo.fr

www.moniquelisecohen.org

Pierre Lachkar en 2007


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Mise à jour : 13 septembre 2011

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